
Chaque parti politique cherchant à « restaurer la confiance » des citoyen.nes y va de sa consultation populaire. Nous sommes tous et toutes invité.es à « donner notre avis », à participer à leur renouveau, à concevoir pour eux l’algorithme-parfait-et-auto-adaptatif-de-la-synergie-avec-les-citoyen.ne.s; tout en évoquant le pragmatisme nécessaire au respect de ce qu’on appellera ici « la conjoncture ».
Ce n’est pourtant pas dans l’image publique d’un parti, ni dans sa chorégraphie, mais bien sur le terrain que le bât blesse. Nous rencontrons à chaque coin de rue, au portique de chaque friche, des gens qui agissent. Des gens actifs qui prennent une initiative et s’organisent POUR qu’existe cette chose qu’on croyait « perdue à la cause » du grand Marché Propriétaire. Des gens persévérants, patients surtout.
Les potagers urbains n’ont pas l’apanage de l’Initiative Citoyenne. Elle fleurit là où fermente l’administration, là où moralise le gouvernement, là où « directive » l’Europe. Mais dans un des plus vieux potagers de Bruxelles, à Schaerbeek, elle mérite ses majuscules.
Le collectif « plan B » n’a pas ménagé ses efforts dans et autour des jardins, rue Navez, pour être entendu. Il veut trouver avec la Commune, Infrabel et Bruxelles Environnement, un moyen intelligent de gérer la pollution sur le terrain, tout en permettant l’accès à ce petit coin de paradis. Deux ans de ténacité, des centaines d’échanges avec l’administration, pétition, réunions et tant d’autres « ions ».
Les initiateurs du projet Navez Possible(s) tentent au quotidien de créer du lien entre le quartier, les jardiniers, les associations, les entreprises et écoles voisines. Face à eux Infrabel, Bruxelles Environnement, la commune de Schaerbeek, la délinquance et le crime. (1)
Les conclusions de l’étude de pollution, initialement prévues pour le mois de mai ne sont toujours pas publiées. Le collectif trépigne face aux échéances quant à l’élaboration d’un aménagement évitant les dangers liés aux polluants. L’accès nécessaire à l’étude leur est toujours refusé malgré des arguments juridiques soutenables. L’absence de danger pour la santé est d’ailleurs une condition à l’obtention d’un budget de 11500 euros, qui viendraient s’ajouter aux 5000 déjà reçus de la Fondation Roi Baudouin pour mener à bien le projet.
L’étau se resserre un peu sous la forme d’une barrière ultra-sécurisée empêchant l’accès au site à partir de mardi 5 septembre, tandis que plusieurs familles habitant les lieux seront expulsées le même jour et qu’aucune information ne circule sur leur éventuelle prise en charge. Les autres occupants, dont les membres du collectif, des scientifiques, des jardiniers, restent dans le flou sur l’accès futur au site.
L’administration communale, Bruxelles Environnement et Infrabel se sont montrées frileuses à l’idée d’une participation directe et régulière, préférant se parler entre elles et communiquer par « séance d’information » tous les six mois. Serions-nous plusieurs à considérer cela en totale contradiction avec l’appel à participation des partis?
Pour le collectif, pas question de se laisser composter entre deux moratoires. Une belle énergie, des projets concrets, des expériences scientifiques sérieuses et officielles, un soutien de la Fondation Roi Baudouin, ayant face à eux la procédure, la stratégie du pourrissement, les agendas cachés, une mauvaise répartition des compétences, d’interminables indirections et le budget d’Infrabel, rien que ça…
Ohé du parti! Ta consultation populaire, ce ne serait pas dans ce petit potager qu’elle se démène? Dans ce petit collectif qui demande un cadenas depuis plus d’1 an pour faire cesser les dépôts clandestins? Dans les légumes de ces gens qui cultivent l’endroit depuis 87 ans?
Soutenir l’initiative citoyenne, voilà la solution, camarade. Elle est fondamentale dans la définition de peuple libre. Ce que nous voulons c’est retrouver notre liberté, celle que « la conjoncture » encadre et frankenise encore plus chaque jour.
(1) Pour la petite histoire, on remarquera que la police y brilla maintes fois par son absence et/ou son manque de discernement. En effet, les seules personnes ayant été interpellées sont les occupants légitimes du lieu… pour délit de barbecue. Et ce après le classement sans suite de 5 incendies criminels de cabanes de jardin. Faire face à l’injustice fait partie de la vie… de PlanB et de tant d’autres initiatives.